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Africom : priorité à la paix et au développement de l'Afrique


Le nouveau commandement militaire régional des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) a pour chef le général noir américain William Ward. Ce dernier est secondé par l’amiral Robert Moeller pour les activités militaires et l’ex-ambassadeur américain au Ghana et au Burundi, Mary Yates, pour les activités civiles. Une première au Pentagone où jamais auparavant, un civil ne s’était jamais vu confié un tel poste.

La mission primordiale de l’Africom: aider les armées africaines à faire face aux conflits et désastres naturels, notamment par le biais de la formation de soldats de maintien de la paix, l’objectif final étant la promotion de la bonne gouvernance. Mais les adversaires de la création du nouveau commandement ne cachent pas leurs inquiétudes sur une possible militarisation du continent.

« Au lieu de fixer pour principale mission à ce commandement de faire la guerre, nous pensons tout le contraire et disons que son rôle sera avant tout de renforcer le potentiel de sécurité en Afrique pour que les Africains puissent gérer eux-mêmes leur propres défis dans ce domaine, et ne pas importer la sécurité via la communauté internationale », a expliqué Theresa Whelan, vice-ministre adjointe de la défense chargée des affaires africaines au Pentagone. L'Africom aidera en outre les autorités civiles à mettre en place les initiatives de lutte contre la pauvreté, a-t-elle ajouté.

Mais Stewart Patrick du Centre pour le développement global à Washington doute que l’Africom soit la meilleure stratégie pour développer l’Afrique, vu que le gouvernement américain investit beaucoup plus d’argent dans les activités militaires que dans les agences de développement. « Vu cet immense déséquilibre, il existe une crainte légitime que tout programme de l’Africom va privilégier tout naturellement le volet militaro-sécuritaire », estime M. Patrick.

Mais l’ancien patron de la Banque Mondiale, Paul Wolfowitz, pense, lui, que si l’Africom permet d’attirer l’attention sur l’Afrique, ce sera déjà une bonne chose. M. Wolfowitz a rappelé qu’au temps où il travaillait au Pentagone, il était rare que les chefs militaires américains mentionnent le continent africain.

Wafula Okumu, analyste à l’Institut d’études de la sécurité d’Afrique du Sud, n’est pas convaincu par cet argument. A son avis, la Maison Blanche cherche surtout à étendre la guerre contre le terrorisme à l’Afrique et à disputer à la Chine l’accès aux ressources du continent. « Les Etats-Unis dépendent de plus en plus du pétrole africain. Les pays qui fournissent le plus de pétrole aux Etats Unis, tel le Nigéria, sont confrontés à certaines formes de rébellion, qui pourraient s’aggraver au point de compromettre le ravitaillement pétrolier des marchés occidentaux. D’où la prise de conscience par Washington de la nécessité de parer à cette menace. Et l’Africom offre une possible solution », explique M. Okumu.

Coté américain, on reconnaît que l’Africom protègera les intérêts des Etats-Unis, mais pas question de la faire au mépris des africains. Theresa Whelan, vice-ministre adjointe de la défense chargée des affaires africaines, note à ce propos qu’un certain nombre de leaders en Afrique sont discrètement favorables au nouveau commandement. Le Libéria, par exemple, s’est déjà déclaré prêt à accueillir le siège de l’Africom. Le Kenya ainsi que l’Ethiopie, tous deux des alliés des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme, sont également mentionnés comme possibilités.

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