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Les groupes de pression, les «lobbies»,  sont une vieille tradition américaine


Présenter une requête au gouvernement des États-Unis et plaider son cas sur une question déterminée sont des droits spécifiquement protégés par le premier amendement à la Constitution, qui interdit au Congrès d’adopter aucune loi qui restreigne «le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs».

«C’est là que les lobbies, les intérêts particuliers et les organisations interviennent», explique John Samples, directeur à l’Institut Cato pour un gouvernement représentatif. «Si vous remontez deux siècles en arrière, les gens qui visitaient l’Amérique notaient fréquemment que les Américains avaient tendance à rejoindre des groupes, à s’organiser, pour agir par l’intermédiaire d’associations volontaires. La coutume s’est transmise jusqu'à nos jours», affirme M. Samples.

La légende veut que le terme «lobbyiste» ait été inventé par le Président Ulysses S. Grant pour décrire les dizaines de personnes qui l’approchaient en quête de patronage ou de faveurs. Grant, qui vivait à l’époque à la Maison-Blanche, se rendait régulièrement à l’hôtel Willard, à cinq minutes à pied, pour se détendre, déguster un cognac et fumer un bon cigare.

L’hôtel est connu aujourd’hui sous le nom de Willard InterContinental Washington et sa directrice des relations publiques, Barbara Bahny David, explique: «Apparemment l’épouse de Grant ne voulait pas qu’il fume ses cigares à la Maison-Blanche. Donc, il avait l’habitude de se rendre dans le hall de l’hôtel Willard. La nouvelle s’est répandue, notamment parmi les personnes influentes, et les gens venaient donc à l’hôtel pour plaider leur cause auprès du président. Ce dernier les surnommait les ”lobbyistes” parcequ’ils avaient l’habitude de traîner dans le “lobby”, le hall de l’hôtel Willard», déclare Madame Bahny David.

De nos jours, c’est la rue K, une grande artère proche de la Maison-Blanche, qui a la réputation d’accueillir la majorité des quelque 14 000 lobbyistes installés dans la capitale américaine.

Selon Massie Ritsch du Center for Responsive Politics, le Centre pour les politiques responsables, une ONG, la plupart des Américains ont des liens avec les lobbyistes. Il ne s’agit pas seulement des grandes entreprises qui cherchent à protéger leurs intérêts. L’Américain moyen est représenté, même s’il l’ignore, par un lobbyiste; s’il paie des impôts ou appartient à un syndicat, par exemple, explique M. Ritsch.

Pour l’expert du Center for Responsive Politics, le nombre croissant de lobbyistes depuis 1995 environ s’explique du fait que le budget fédéral a considérablement augmenté, pour atteindre en 2007 2,8 mille milliards de dollars.

C’est également dû au fait que la réglementation se fait de plus en plus complexe et omniprésente, notamment en ce qui concerne les grandes sociétés, ajoute John Samples de l’Institut Cato.

Les lobbies ne cherchent pas seulement à influencer le Congrès. Ils font également pression sur l’exécutif, signale le professeur Allan Lichtmann d'American University, ici à Washington. Il n’est pas rare de voir plusieurs groupes de pression coopérer pour faire adopter certaines législations.

Parmi les lobbyistes les plus influents, on retrouve les anciens fonctionnaires, ajoute-t-il. «Par exemple, John Ashcroft, qui était ministre de la justice durant le premier mandat de George Bush, est maintenant lobbyiste. Un lobbyiste républicain très important. D’un autre côté, par exemple toujours, le sénateur démocrate John Breaux, qui représentait la Louisiane, est maintenant lobbyiste. Des études ont montré que lorsqu’on regarde la Chambre des représentants des États-Unis, environ 40 pour cent des anciens députés deviennent des lobbyistes lorsqu’ils quittent le Congrès», déclare le professeur Lichtmann.

Même si les lobbies font partie du processus démocratique, certains analystes soulignent que les récents scandales dans lesquels ils ont été impliqués au Congrès ont terni la profession.

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