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Al Gore, Prix Nobel de la Paix 2007


Le comité Nobel a primé Al Gore et le GIEC pour leurs efforts en vue de mieux informer le public au sujet du réchauffement climatique dû à l'activité humaine, et de jeter les bases du consensus nécessaire à l’adoption de mesures contre ce changement.

Le GIEC, créé en 1988 par le Programme des Nations unies pour l'environnement et l'Organisation météorologique mondiale, avait publié un rapport en avril dans lequel il avertissait que les pays africains seraient probablement les plus affectés par le réchauffement climatique.

Dès ses études supérieures à l’université Harvard, Al Gore, 59 ans, s’était intéressé à l’environnement. Élu au Congrès des États-Unis, où il représentait le Tennessee, il se penchait à nouveau sur la question dès 1976, avant de profiter de son élection aux côtés du président Bill Clinton pour s’impliquer davantage dans la protection de l’environnement.

En 2006, M. Gore a réalisé le film «Une Vérité qui dérange». Ce documentaire sur les effets du réchauffement climatique a reçu cette année l'Oscar du meilleur documentaire. Narrateur du film, Al Gore va droit au but. Devant des images de glaciers qui se désintègrent, et de montée des eaux, il déclare que le réchauffement climatique est une réalité et qu’il pose une menace grave à la Terre

«L'Arctique est en train de fondre plus rapidement. Si cela se poursuit, le niveau des océans à travers le monde augmentera d’une vingtaine de pieds», avertit Al Gore dans son documentaire. La Floride, la métropole de Shanghai qui abrite 40 millions d’habitants, la région de Calcutta, qui en accueille 60 millions - toutes pourraient disparaître sous les eaux. Songez, ajoute l’ancien vice-président, à l’impact de quelques centaines de milliers de réfugiés en comparaison avec l’impact de 100 millions.

Al Gore est loin d’être un novice en ce qui concerne l’environnement. Il y a plusieurs décennies, il avait rédigé un ouvrage sur l’impact du réchauffement climatique, et une fois à la Maison-Blanche aux côtés de Bill Clinton, il avait aidé à négocier le Protocole de Kyoto sur le changement climatique, un traité signé par les États-Unis, mais jamais ratifié.

Le documentaire de M. Gore a fait beaucoup de bruit, mais certains s’insurgent contre son message. Fred Smith est le directeur du Competitive Enterprise Institute, un institut opposé à l’instauration de limites obligatoires sur les émissions de gaz à effet de serre. Cet institut suggère qu’on laisse au libre marché la charge de traiter des questions environnementales. Son directeur juge M. Gore alarmiste, tout comme son oeuvre.

«C’est une tentative en vue de vendre quelque chose et non de faire preuve d’objectivité scientifique», déplore Fred Smith. M. Gore dit que rien ne va plus, qu’il faut l’écouter, sinon le monde tel que nous le connaissons va disparaître. Pour moi, ajoute le directeur du Competitive Enterprise Institute, ce message n’est pas valable. On cherche à faire peur, c’est tout.

Mais pour Al Gore, le documentaire est une sonnette d’alarme. «C’est une question morale, une question d’éthique, et au plus haut niveau vraiment, une question spirituelle. Nous devons arracher le masque. Qualifier ceci de question politique est une autre façon de dire que c’est insignifiant. C’est le défi le plus crucial auquel nous ayons jamais été confrontés, et cela se passe de notre vivant», a déclaré l’ancien vice-président.

Ces arguments avaient convaincu Davis Guggenheim, le réalisateur, qui avait accepté de coopérer avec M. Gore à la production du documentaire «Une Vérité qui dérange». «J’aimerais que les gens, à la fin du film, disent: “Il n’y a plus de controverse. C’est vrai. Nous causons le réchauffement climatique, et le problème est urgent. Si nous ne faisons pas le nécessaire maintenant, nous changerons la planète à jamais”», affirme M. Guggenheim.

De toute évidence, le Comité Nobel est tombé d’accord avec M. Guggenheim, puisqu’il a primé Al Gore. «Le prix devrait permettre à chacun - chaque chef d’état, chaque politicien, chaque être humain, vous et moi - de se demander ce qu’il peut faire pour aider, parce qu’il est important que tous rejoignent ce combat», a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjoes.

Certains ont accusé Al Gore de chercher surtout à se maintenir dans l’actualité, en vue de briguer un nouveau mandat à la Maison-Blanche. Mais l’ancien vice-président a souvent dit qu’il ne serait pas candidat en 2008.

A noter qu’en Afrique du Sud, l’attribution du Prix Nobel de la Paix à M. Gore et au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a été bien reçue. Pour Guy Midgley de l’Institut national sur la biodiversité d’Afrique du Sud, le comité Nobel a bien choisi car le réchauffement climatique pourrait affecter la paix et la stabilité dans de nombreuses régions du monde.

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