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L’Amérique et les perceptions du monde


Confronté à une image de marque malmenée à l’étranger, le président Bush fait appel à l’un de ses plus proches et plus fidèles conseillers pour aider à améliorer pour la perception que l’on a des Etats-Unis. Karen Hugues doit encore être confirmée par le Sénat dans son poste de sous-secrétaire d’Etat pour la diplomatie publique. Mais, tant au Congrès qu’à la Maison Blanche, on ne se voile pas la face: la mission de Mme Hugues ne sera pas des plus aisées.

Déposant récemment devant la Commission sénatoriale des affaires étrangères, Karen Hugues a expliqué comment elle allait s’y prendre. Elle mobilisera l’administration Bush pour "écouter beaucoup plus" à l’étranger.

"La diplomatie publique signifie dialoguer, informer et aider les autres à comprendre nos politiques et valeurs, dit-elle. Mais je suis tout aussi consciente du fait qu’avant de chercher à se faire comprendre, nous devons d’abord nous efforcer de comprendre (les autres). Si j’en avais la chance, je ne dirais qu’une chose aux peuples du monde entier: Je suis tout ouïe".

Mme Hugues compte, à cette fin, voyager beaucoup. Elle n’hésitera pas cependant à "confronter la propagande de la haine, dissiper des mythes dangereux et souligner la vérité au sujet des politiques et valeurs de l’Amérique". Républicains et Démocrates au Congrès espèrent que ses talents reconnus de "communicateur" au service du président Bush aideront à revitaliser la diplomatie publique américaine, et à susciter une opinion plus favorable des Etats-Unis. Un récent sondage PEW montre que 10 des 16 pays où il a été effectué ont une vue négative des Etats-Unis. En particulier, au Moyen Orient où l’Amérique est critiquée surtout pour son soutien à Israel et la guerre en Irak.

"Je pense que cette perte de soutien et de sympathie n’a rien à voir avec la lutte contre Al Kaida, une lutte dont les gens sont solidaires, dit le professeur Shibley Telhami de l’Université du Maryland. Je crois qu’en fait la plupart des gens dans le monde n’ont vu aucune relation entre l’Irak et al-Kaida".

Mike Hurley, expert de la Commission indépendante qui a enquêté sur les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis déclare: "Je crois que ce que nous devons faire, et la commission l’a recommandé, c’est d’entrer en contact avec la grande majorité de musulmans modérés dans le monde islamique, et d’engager avec eux un dialogue nouveau et constructif chaque jour".

Un autre sondage PEW a tout de même noté une légère amélioration de l’image américaine à l’étranger. Selon Jodie Allen de l’institut, c’est dû en partie à la reconnaissance qu’a valu aux Etats-Unis leur aide aux victimes des tsunamis:

"Notre sondage, dit-elle, a révélé que cette assistance a produit une réaction positive non seulement en Indonésie, mais aussi en Europe et au Maroc. Nous n’allons pas devenir populaires par de simples mots. Mais nous pouvons nous comporter d’une manière qui montre à ces pays que nous comprenons leurs préoccupations, et que nous sommes décidés à aider".

Les experts soulignent néanmoins que les Etats-Unis ont besoin d’une approche globale à long terme, s’ils veulent améliorer leur image dans le reste du monde et contrer les arguments de leurs détracteurs. Karen Hugues dit ne se faire aucune illusion quant aux défis qui l’attendent, surtout dans le climat actuel, ce qu’elle appelle "une explosion internationale de l’information".

"Je reconnais que ce ne sera pas facile, souligne-t-elle. On ne change pas rapidement les perceptions. Nous sommes engagés dans une lutte globale de débat des idées, une lutte qui oppose le pouvoir de la haine à celui de l’espoir".

Mme Hugues compte, dans ce cadre, faire appel au secteur privé, y compris les firmes et universités américaines ainsi que le monde du spectacle, pour mettre au point une approche novatrice pour raconter l’histoire de l’Amérique.

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