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Au moins 58 morts dans une attaque "chimique" en Syrie


Une vue générale de la ville d'Alep, en Syrie, le 13 décembre 2016.
Une vue générale de la ville d'Alep, en Syrie, le 13 décembre 2016.

Une attaque chimique présumée a fait mardi au moins 58 morts et quelque 170 blessés, dont de nombreux enfants saisis de convulsions et peinant à respirer, dans une ville rebelle en Syrie.

Cette attaque aérienne a provoqué une vague d'indignation internationale, Washington, Paris et Londres pointant du doigt le régime de Bachar al-Assad qui a démenti "catégoriquement" toute implication.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence mercredi pour examiner les circonstances des frappes ayant visé tôt Khan Cheikhoun, petite ville de la province d'Idleb, place forte des rebelles et des jihadistes dans le nord-ouest.

"Nous avons entendu des bombardements (...) Nous avons accouru dans les maisons et il y avait des familles mortes dans leur lits. On a vu des enfants, des femmes et des hommes morts dans les rues", a raconté à l'AFP un témoin, Abou Moustapha.

Des vidéos de militants anti-régime ont montré des corps sans vie sur la chaussée, d'autres pris de spasmes et de crises de suffocation.

Les victimes "ont les pupilles dilatées, des convulsions, de la mousse sortant de la bouche", a expliqué Hazem Chahwane, un secouriste interviewé par l'AFP dans l'un des hôpitaux de la ville. Au moins 11 enfants figurent parmi les 58 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Il s'agit de "la deuxième attaque chimique la plus meurtrière du conflit en Syrie" après celle ayant fait plus de 1.400 morts en 2013 près de Damas, a précisé cette ONG, qui n'était pas en mesure de déterminer la nature du gaz toxique utilisé.

'Rendre des comptes'

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a déclaré que l'ONU allait chercher à "clairement identifier les responsabilités" et à faire "rendre des comptes" aux auteurs de cette attaque "chimique".

Réagissant en fin de journée, l'armée syrienne a démenti "catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun aujourd'hui". Elle "n'en a jamais utilisé, à aucun moment, à aucun endroit et ne le fera pas dans l'avenir", a affirmé son commandement dans un communiqué publié par l'agence officielle Sana.

Malgré de multiples accusations, le gouvernement syrien a toujours démenti utiliser des armes chimiques depuis le début en 2011 de la guerre qui a déjà fait plus de 320.000 morts.

Il a ratifié la Convention sur l'interdiction des armes chimiques en 2013, mais l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a récemment indiqué enquêter sur plusieurs attaques présumées au gaz toxique commises depuis le début de l'année.

Principal soutien du régime, l'armée russe a affirmé n'avoir mené aucun raid aérien dans la zone de Khan Cheikhoun.

Mais pour l'opposition syrienne, il ne fait pas de doute que le régime de Damas a utilisé des "obus contenant du gaz chimique". Ce "crime horrible" rappelle l'attaque de l'été 2013 que la communauté internationale avait "laissé impunie", a-t-elle dénoncé.

L'opposition a prévenu que cette attaque "remettait en cause" le très fragile processus de paix engagé ces derniers mois à Genève pour tenter de mettre fin au conflit de six ans.

Le drame d'un père

Qualifiant l'attaque de "répréhensible", le porte-parole de Donald Trump, Sean Spicer, a dénoncé "un acte odieux" du régime Assad.

Pour le président français François Hollande, "une fois encore le régime syrien va nier l'évidence de sa responsabilité dans ce massacre".

A Khan Cheikhoun, le correspondant de l'AFP a vu des soignants tenter de secourir une fillette, en vain. Son père, écrasé par la douleur, a embrassé son visage et l'a portée dans ses bras hors de l'hôpital.

Le journaliste a vu des patients avec de la mousse sortir de leur bouche. Certains d'entre eux étaient aspergés d'eau par les médecins qui tentaient de les réanimer.

L'hôpital dans lequel ils étaient soignés a été bombardé mardi à deux reprises, provoquant d'importantes destructions et la fuite précipitée de médecins.

Au moment où les espoirs de paix restent faibles, Bruxelles accueille jusqu'à mercredi une conférence internationale sur l'avenir du pays mais certains acteurs clés du conflit, comme la Turquie ou la Russie, ne devraient pas y être représentés au plus haut niveau.

Avec AFP

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