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Migrants: "accord unanime" entre l'UE et la Turquie


Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, à gauche, s'entretient avec, de gauche à droite, le président français François Hollande, le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le Premier ministre estonien Taavi Roivas lors du sommet européen sur la crise migratoire à Bruxelles, le 18 mars 2016.
Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, à gauche, s'entretient avec, de gauche à droite, le président français François Hollande, le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le Premier ministre estonien Taavi Roivas lors du sommet européen sur la crise migratoire à Bruxelles, le 18 mars 2016.

L'accord, aussi controversé qu'historique, prévoit que tous les migrants arrivant dans les îles grecques à compter de dimanche seront renvoyés vers la Turquie.

Les 28 pays membres de l'UE ont conclu vendredi un accord avec Ankara aux termes duquel tous les migrants arrivant dans les îles grecques à compter de dimanche seront renvoyés vers la Turquie, a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk.

"Accord unanime entre tous les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et le Premier ministre turc" Ahmet Davutoglu, a indiqué M. Tusk sur Twitter.

En échange de la coopération accrue de la Turquie dans le dossier migratoire, les Européens ont accepté d'accélérer la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs, de relancer les négociations d'adhésion en ouvrant un nouveau chapitre (sur les finances et le budget).

Ils ont également accepté, sous conditions, d'accorder une nouvelle aide financière à la Turquie, qui doublerait l'aide de 3 milliards déjà promise pour améliorer le quotidien des 2,7 millions de Syriens réfugiés en Turquie.

Les Européens s'engagent aussi, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie. Ce dispositif serait dans un premier temps plafonné à 72.000 places offertes en Europe.

-une tempête de critiques-

La mesure phare --le renvoi de tous les nouveaux migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie, y compris les demandeurs d'asile-- a provoqué une tempête de critiques.

Alors qu'une crise humanitaire guette en Grèce, où 46.000 migrants sont bloqués dans des conditions déplorables en raison de la fermeture de la "Route des Balkans", la pression était maximale sur les Européens pour trouver enfin une solution à la crise.

Débordés par l'arrivée d'1,2 million de migrants fuyant pour la plupart la Syrie en guerre, l'Irak et l'Afghanistan l'an dernier, l'UE s'est divisée comme jamais sur la réponse à apporter, entre un accueil généreux pour raisons humanitaires comme en Allemagne et l'érection de barbelés, suivie de fermetures en cascade des frontières en Europe centrale.

"Ce n'est pas un très bon accord, mais on est bien obligés. Personne n'en est fier, mais on n'a pas d'alternative", a résumé un diplomate européen.

L'ONU a ainsi relevé un "risque de possibles expulsions collectives et arbitraires", mais les Européens assurent rester dans les clous du droit international en promettant à chaque demandeur d'asile, qui arrivera sur les côtes grecques à partir de dimanche, un examen individualisé de sa requête et le droit de faire appel de la décision de renvoi.

"Construire des murs, discriminer des gens ou les renvoyer n'est pas une réponse au problème", avait encore insisté vendredi matin le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Si la proposition d'Ankara a séduit certains dirigeants, à commencer par la chancelière Angela Merkel, ce rapprochement inédit avec la Turquie, qui obtiendra des contreparties substantielles, a aussi hérissé certains leaders.

"Il n'est pas question de brader nos valeurs", avait prévenu le Premier ministre belge Charles Michel jeudi, en rappelant les critiques de l'UE à propos des attaques du régime islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan contre la liberté de la presse ou sur le conflit kurde.

- 'Marchandage' -

"Pour nous, pour la Turquie, la question des réfugiés n'est pas une question de marchandage, mais une question de valeurs humanitaires, ainsi que de valeurs européennes", a répliqué M. Davutoglu.

En échange de cette coopération accrue, les Européens ont accepté d'accélérer la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs, de relancer les négociations d'adhésion en ouvrant un nouveau chapitre (sur les finances et le budget), et de doubler à 6 milliards d'euros l'aide européenne pour les 2,7 millions de Syriens réfugiés en Turquie.

Ils se sont aussi engagés à débloquer très rapidement de l'argent sur une première tranche de trois milliards d'euros déjà promise, promettant "d'identifier d'ici une semaine une série de projets concrets", selon une source européenne.

Les Européens s'engagent aussi, pour chaque Syrien renvoyé, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie. Ce dispositif serait dans un premier temps plafonné à 72.000 places offertes en Europe.

Mme Merkel, principal soutien d'Ankara, avait vanté jeudi soir une "bonne opportunité de mettre fin au trafic d'êtres humains" en mer Egée où plus de 460 migrants sont morts noyés depuis le début de l'année.

Depuis le début l'année, plus de 143.000 personnes sont arrivées en Grèce via la Turquie. A elle seule, la Grèce a vu passer plus d'un million de migrants l'an dernier.

Mais la fermeture ces dernières semaines de la "Route des Balkans" place la Grèce, et les 46.000 migrants qui y sont bloqués, dans une situation intenable.

"Ceci est comme un (camp de) Dachau des temps modernes, le résultat de la logique des frontières fermées", a déploré vendredi le ministre grec de l'Intérieur Panagiotis Kouroublis en visitant Idomeni, à la frontière avec la Macédoine désormais fermée.

L'UE se dit prête à réagir si un déplacement des routes migratoires, vers la Libye ou la Bulgarie, était constaté. Alors que le printemps n'est même pas entamé, plusieurs milliers de migrants venus de Libye ont été secourus en trois jours dans le sud de la Méditerranée, faisant craindre un nouveau front dans la crise migratoire.

Avec AFP

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