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Pour la paix et le dialogue avec l'islam, le pape tient à aller en Centrafrique


Au nom de la paix et du dialogue avec l'islam, le pape François veut aller à Bangui les 29 et 30 novembre mais pourrait renoncer à sa visite à la dernière minute si les risques de violences devenaient trop élevés.

Même si rien n'a changé sur le programme officiel de la visite, le pape a lui-même laissé place à l'incertitude en déclarant fin octobre qu'il "espérait pouvoir réaliser" ce voyage dans un pays qui reste en proie aux violences interconfessionnelles et aux luttes de clans.

Pour son premier voyage en Afrique, François doit se rendre au Kenya et en Ouganda, avant de passer 26 heures à Bangui, avec des déplacements à risques: visites dans un camp de réfugiés et à la mosquée de Koudoukou, messes à la cathédrale et au stade Barthélémy Boganda.

En cas de nécessité, qui sera évaluée à la dernière minute, l'étape centrafricaine pourrait être réduite à quelques heures, comme celle de Jean Paul II en 1985, ou annulée.

S'il dit avoir une "bonne dose d'inconscience" pour lui-même, François ne veut pas mettre les foules en danger. C'est l'argument qui l'avait poussé à renoncer à se rendre au Kurdistan irakien en marge de sa visite en Turquie en 2014.

Or il semble difficile d'assurer la sécurité des dizaines de milliers de pèlerins que le pape pourrait attirer à Bangui, y compris de pays voisins comme le Cameroun, le Congo et la République démocratique du Congo.

Le ministère français de la Défense, qui déploie 900 soldats dans la force Sangaris sur place, a en effet mis en garde les services de sécurité du Vatican, sans pour autant adresser de recommandation officielle.

La force Sangaris n'aura "pas suffisamment de capacités pour s'engager au-delà de ce qu'elle fait d'habitude en soutien de la Minusca", la mission de l'ONU, prévenait mercredi l'entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

La Minusca, qui avec 12.000 hommes fait face à une multitude de bandes armées, est souvent critiquée pour sa lenteur de réaction. Et les forces centrafricaines ne sont pas à même de faire face au défi.

- 'Ne pas y aller serait un échec' -

Jeudi, la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, a souhaité que le pape maintienne une visite qui suscite de grandes attentes dans un pays exténué par la guerre civile.

"J'ai reçu le nonce apostolique qui m'a demandé: +Madame la Présidente si vous pensez que le pape ne doit pas venir, dites-le nous+ (...). Je tiens à ce que le pape vienne. (...) Par la grâce de Dieu, le pape viendra et il n'y aura rien", a-t-elle déclaré à la radio française RTL.

"Nous entendons bien suivre le programme prévu malgré les avertissements de la France", a assuré une source proche du dossier au Vatican, citée par l'agence spécialisée I.Média.

"Pour François, ne pas y aller serait un échec", a confié une autre source vaticane, tandis qu'I.Média relevait un certain agacement au Vatican de voir la France, par ses mises en garde, se décharger de toute responsabilité en cas de problème.

La Centrafrique connaît un regain de tensions à l'approche des élections - référendum constitutionnel le 13 décembre, législatives et présidentielle le 27 - et les violences ont encore fait une soixantaine de morts fin septembre.

Selon Angelo Romano, expert de l'Afrique à la communauté catholique Sant'Egidio, "c'est clair qu'il y a des risques, mais la volonté du pape est de donner un message d'espoir pour tout le peuple centrafricain".

Alors que la menace de "guerre de religion" plane, "François cherche à donner un message exactement inverse, en rencontrant la communauté musulmane et en appuyant les leaders religieux chrétiens et musulmans qui mènent des efforts incroyables pour éviter le pire", a expliqué le père Romano à l'AFP.

Pour Luis Badilla, expert de Radio Vatican, "la question la plus délicate porte sur la réaction des groupes islamistes extrémistes", sur lesquels les dirigeants musulmans modérés n'ont pas de contrôle.

Avec AFP

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