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Côte d'Ivoire: la menace d'un boycott pèse sur la présidentielle


Alassane Ouattara à Cocody, 21 avril 2013. (AP Photo/Sevi Herve Gbekide)
Alassane Ouattara à Cocody, 21 avril 2013. (AP Photo/Sevi Herve Gbekide)

Après les retraits de deux figures de l'opposition, la menace d'un boycott de l'opposition pèse sur la présidentielle du 25 octobre en Côte d'Ivoire dont le président sortant Alassane Ouattara est le grand favori.

Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères (1990-1999) a annoncé, il y a une semaine, la "suspension" de sa candidature pour "ne pas se rendre complice d'une mascarade électorale".

Il a été suivi trois jours plus tard par l'opposant Mamadou Koulibaly, ancien président de l'Assemblée nationale, fondateur du parti Lider, qui dénonce une "élection délibérément sabotée".

Les opposants estiment les libertés individuelles ne sont pas garanties pour cette présidentielle. Ils accusent la Commission électorale indépendante de ne pas être impartiale et les médias d'Etat d'être au service du président.

Amnesty International a appelé la Côte d'Ivoire à "mettre fin aux arrestations arbitraires d'opposants (...) à l'approche de la présidentielle".

"Les récurrentes arrestations et détentions arbitraires d'opposants politiques créent un climat de peur qui compromet l'exercice de la liberté d'expression" selon Amnesty, qui souligne que la pression s'est faite plus forte mi-septembre "avec une soixantaine de personnes dont plusieurs cadres de l'opposition arrêtées"."Au moins trente sont toujours en détention" début octobre, selon Amnesty.

- une question de légitimité -

Une élection apaisée et crédible est jugée fondamentale pour stabiliser le pays et tourner définitivement la page des violences meurtrières qui ont suivi la victoire en 2010 de M. Ouattara sur son prédécesseur Laurent Gbagbo. Ce dernier attend son jugement par la Cour pénale internationale.

Le camp Ouattara, qui vise une victoire dès le premier tour, semble craindre plus l'abstention que ses adversaires. La présidence a d'ailleurs été furieuse en apprenant le retrait d'Amara Essy, selon une source proche.

Auréolé d'un bon bilan économique, M. Ouattara doit remporter le scrutin "avec un nombre important d'électeurs (...) c'est de là que va dériver la légitimité du président qui doit être incontestable", a souligné le ministre ivoirien de la Fonction publique, Cissé Ibrahim Bacongo.

Le président a mis en marche une impressionnante machine de campagne pour tenter d'obtenir un taux de participation honorable alors que tous les observateurs prévoient un abstentionnisme record.

"Notre adversaire s'appelle le taux d'abstention", assure Alphonse Soro, député et responsable de la jeunesse du parti d'Alassane Ouattara. "Comment convaincre les gens de voter, c'est ça la problématique de cette élection".

La stratégie d'Essy et Koulibaly, membres de la Coalition nationale pour le changement (CNC), qui rassemble aussi l'ex-Premier ministre Charles Konan Banny ou les députés Bertin Konan Kouadio et Kacou Gnangbo, était "d'arriver à une suspension globale de la participation (de l'opposition) afin d'amener M. Ouattara à la table de négociation et d'obtenir du coup un report du scrutin", explique un analyste.

Les deux retraits n'ont pas eu d'effet d'entrainement pour le moment. Les candidats du CNC mais aussi Pascal Affi N'Guessan, candidat du Front Populaire Ivoirien (FPI), l'ancien parti de Laurent Gbagbo, restent pour le moment en lice.

Des frondeurs du FPI, une frange d'irréductibles partisans de Gbagbo, prônent cependant le boycott.

- Aller jusqu'au bout -

Du côté du pouvoir, on balaie les accusations d'irrégularités.

M. Essy "a jeté l'éponge plutôt que de subir l'humiliation d'un score qui frôlerait les 0%", a écrit le secrétaire général de la présidence, Amadou Gon.

"Les élections, c'est comme les jolies femmes. On préfère souvent rester dans le doute que de prendre une veste", ironise un observateur avisé.

Les huit candidats encore en lice semblent décidés à en découdre.

Bertin Konan Kouadio a assuré à des journalistes qu'il ne pratiquerait "pas la politique de la chaise vide: les absents ont toujours tort".

De son côté, Pascal Affi N'Guessan a commencé sa campagne sur les terres de Gbagbo pour convaincre les sympathisants de l'ancien président, dont l'ombre plane sur le scrutin, de se déplacer dans les bureaux de vote pour lui donner leurs suffrages. Il affirme qu'il ira jusqu'au bout.

Plus de 3.000 Ivoiriens étaient morts en cinq mois de violences causées par le refus de Gbagbo de reconnaître la victoire de Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.

Quelque 6,3 millions d'électeurs sont inscrits sur les listes de ce pays de 23 millions d'habitants, premier producteur mondial de cacao et poids lourd économique de l'Afrique de l'Ouest.

Avec AFP

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